A l'approche d'Halloween et des différentes représentations à cette occasion utilisant des chats noirs, je vous invite à découvrir les origines des croyances et superstitions liées aux chats noirs. Cet article comportera plusieurs parties.
Aujourd’hui, nous le considérons comme un porte-bonheur. Mais le chat noir a traversé plusieurs siècles difficiles. Tout comme les autres chats d’ailleurs. Curieusement, tout laisse à penser que, durant le Moyen Âge, l’animal favori des sorcières ne fut pas trop inquiété. N’était-il pas également le compagnon de pieux ermites et de moines, comme le rapporte Grégoire le Gand dans un texte du Ixè siècle.
Mais à l’approche de l’an mil et des terreurs liées à la fin du monde, de grands bouleversements frappèrent l’Europe, après avoir toléré certaines survivances de cultes païens, radicalisa sa position et déclara ouverte la chasse aux sorcières. Qui étaient ces femmes vivant dans les campagnes ? Des devineresses qui, connaissant les secrets des simples, ces plants capables de guérir ou de tuer, savient soigner les villageois qui venaient les consulter. S'agissait-ils de lever un sort, ou d'en jeter un, on allait voir la sorcière. Les femmes étaient leurs meilleures clientes, car elles étaient expertes dans l'art de soulager les maux féminins, de pratiquer les accouchements ou d'interromptre une grossesse. Voilà pourquoi le corps médical se joignit aux attaques de l'Eglise contre une corporation qui détournait bon nombre des gens des prêtres et des médecins.
"Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage", dit-on. Pour noircir les sorcières, on fit de même. Il suffisait en ces temps obscurs de faire courir les bruits les plus inquiétants pour que les procès commencent et que les bûchers s'embrasent. Une occasion rêvée pour expédier par la même occasion aux enfers l'âme damnée de la sorcière, c'est à dire le chat. C'est en 962 qu'eurent lieu en France, à Metz, ces premières cérémonies baptisées du nom de "mercredi des chats". Une sorcière ayant échappé aux flammes, on y précipita en compensation une quantité de chats. La tradition était établie : on fit de même à Paris, à Aix en Provence, tandis qu'en Belgique, à Ypres, les chats étaient précipités du beffroi. En Allemagne, on croyait que les chats qui arpentaient les toits au mois de février étaient des sorcières en route pour le sabbat. Sans doute allaient-elles rejoindre le cortège infernal de la déesse Freyja, protectrice des couples, dont on disait que le chat était conduit pas quatre majestueux chats blancs...
Ces exemples de métamorphoses se retrouvent à travers toute l'Europe. Le cas le plus fameux eut lieu à Strasbourg, où un homme, attaqué par trois chattes, se défendit en les rouant de coups. Le lendemain, trois femmes de son quartier - des sorcières bien évidemment - portaient des marques de blessures. La même aventure survint en Normandie, à Vernons.
A suivre....
Texte et illustrations : Il y a un siècle le chat - Robert de Laroche Collection Isabelle Rousseau Editions Ouest-France.